vendredi 6 novembre 2009

Ca n’arrive pas que dans les films…

Cette après midi au collège a été bien mouvementée quand 2 élèves sont venues rapporter à la directrice qu’un de leur camarade avait un pistolet sur lui. La directrice m’a appelé ainsi qu’un professeur pour aller vérifier, et en effet nous avons trouvé une arme à feu dans le sac à dos de Marvin, 13 ans.

Après avoir fait venir sa maman, et écouté les différentes versions du pourquoi il avait une arme sur lui, Marvin a fini par avouer que son camarade Niky, 14 ans, lui avait donné l’arme à l’entrée du collège pour qu’il la rende à son propriétaire et voisin Jorge. Nous avons donc fait venir Niky et sa maman, qui nous a expliqué qu’il avait volé l’arme de son père décédé dans les affaires de sa mère et l’avait échangé contre celle de son copain Jorge! Ce même Jorge avait volé l’arme à son père avocat qui la détenait en dépôt pour un client !!

arme à feu

Que faire ? Briser la vie de deux gamins qui ont fait une énorme connerie ? Remettre l’arme et les jeunes à la police ? Détenir une arme étant illégale et l’apporter dans un centre éducatif étant un délit punit sévèrement par la loi. Par ailleurs les deux jeunes sont mineurs et leurs mères, qui sont mères célibataires, responsables des actes de leurs fils mineurs.

Heureusement le Père Hugo, recteur du collège, est resté calme afin de trouver une solution qui ne pénalise personne. Après un sermon en bonne et due forme aux 2 élèves, le Padre a décidé de ne pas les remettre à la police et de faire l’échange d’armes avec le père avocat, comme s’il ne s’était jamais rien passé, excepté que les deux jeunes ont été expulsé du collège définitivement.

Tout est bien qui finit bien pourrait –on dire. Cependant, la présence d’armes à feu dans les rues va en s’accroissant. Des vieux comme des jeunes se pavanent avec une arme à la ceinture. Et bien que tout soit rentré dans l’ordre sans désastre et sans victimes, ça m’a fait vraiment très bizarre de me retrouver nez à nez avec un véritable pistolet, sans savoir ce que ces jeunes que j’ai côtoyé toute l’année pouvaient bien avoir dans la tête, quelles étaient leurs intentions ? On ne le sera jamais, j’espère juste que pour eux ce n’était pas un acte intentionnel, dans le but d’agresser ou pire de tuer quelqu’un. Il leur reste un futur à construire et j’espère qu’il sauront le faire de manière intelligente.

enfant_arme_a_feu

lundi 2 novembre 2009

Fin du commerce de Licuados

Et oui ami lecteur, il n’y a pas que des bonnes nouvelles dans ce blog !

Fin juillet, nous avions ouvert avec deux femmes un point de vente de milk-shakes dans le quartier de la “Gran Comision”. Après 2 mois de ventes, après avoir tenté de diversifier l’activité avec des tortillas, des glaces, sans résultats probants, nous avons décidé de fermer cette micro-entreprise.

Idalia derrière le point de vente de milk-shakes: P1170183

Les causes de cet échec sont multiples:

  • Peu de clients : 2 ou 3 milk-shakes par jour en moyenne. La marge générée ne permet pas de gagner sa vie correctement même pour une personne
  • Beaucoup de pertes en raison d’aliments périssables très vite et une activité très variable
  • Des vols, des infractions dans le commerce
  • Une motivation des deux associées faible : beaucoup de temps de présence pour peu de résultat

Le quartier de la “Gran Comision” ne se prête pas à ce genre de commerce alimentaire. Excentré du centre, les personnes de ce quartier ont les ressources suffisantes pour se nourrir mais pas pour les extras que sont les milk-shakes. D’autre part, il existe une petite délinquance qui gangrène le quartier.

Dimanche dernier, nous avons fait les comptes avec elles. Il y avait 1200 Lempiras (46€) d’investissements. Le résultat après deux mois d’exploitation s’élève à 700 Lempiras (27€). Un mixer a été revendu à la moitié du prix d’achat 170 lempiras (6,5€). Une perte nette donc de 320 Lempiras (12,5€).

J’ai été très surpris et heureux de voir mes deux associées vouloir rembourser au maximum le micro-crédit qu’elles avaient contracté pour les investissements. Une fierté d’honorer ses dettes !

Dona Esperanza et Idalia:P1160959

Idalia aujourd’hui travaille dans l’ensachage des bananes dans le grande entreprise bananière de la région . Elle gagne 7000 Lempiras (270€) par mois pour éduquer et nourrir ses enfants. Elle semble heureuse d’avoir repris une activité. Esperanza, elle, survit avec l’argent gagné par ses enfants. Nous devrions retravailler ensemble dans les prochaines semaines avec une autre activité.

Ce fut une première expérience de micro-entreprise de femmes dans ces quartiers pauvres d’Olanchito, qui m’a permis de mieux appréhender le monde du travail au Honduras, la valeur qu’il a, mais aussi toutes les difficultés du travail dans des conditions d’insécurité constantes. Cette insécurité engendre une peur constante qui annihile beaucoup la motivation. Ensuite, j’ai appris que pour lancer sa propre entreprise, et ensuite la gérer : devenir entrepreneur il faut avoir un sacré cran car celà engendre beaucoup de stress. Ce fut le cas pour mes deux associées : une lors du lancement est partie du jour au lendemain dans son village natal dans la montagne pendant une semaine avant de revenir, et l’autre a souffert de maux d’estomac violents après les premiers jours, à la vue des premiers résultats ! Il y a un vrai rôle d’accompagnement et de soutien à avoir lors du lancement de ces micro-entreprises. 

J’espère qu’il y aura d’autres réussites de projets de micro-activité de femmes dans les prochains mois. Je vous tiendrai au courant !