Ce post est un avis personnel, issu des lectures de la presse hondurienne et française, des discussions avec nos amis, vu d’Olanchito, sur la crise politique actuelle au Honduras.
1/ Rappel des faits :
Le président Manuel Zelaya en place depuis 3 ans et demi souhaitait organiser une consultation le 28 Juin dernier, afin de demander à la population si elle était d’accord pour installer une 4ème urne le 29 Novembre prochain, lors des élections pour élire : un président, un maire, un député et une 4ème urne. Si cette urne avait été installée en novembre, le peuple aurait du voter oui ou non pour la création d’une Assemblée Constituante afin de modifier la constitution.
Son bilan au bout de 3 années et demi à la tête du pays est fortement mitigé. De très bonnes choses : plan de réduction de la pauvreté, attribution de terres aux paysans, réduction du prix du pétrole… mais aussi : hausse de la violence urbaine, du narco-trafic, une corruption toujours omni-présente, des mesures économique pour enrayer la crise actuelle mondiale dans son pays insuffisantes. L’unique mesure entreprise est la hausse du salaire minimum de 40% sans aucune concertation. Enfin, il faut savoir que le pays dépend principalement des aides internationales.
Le Président déchu Manuel Zelaya :
Depuis quelques mois, Mel Zelaya, propriétaire terrien, a fait un net virage à gauche dans sa politique. Il tente de réduire les inégalités au sein du peuple Hondurien. Pour mener à bien cette politique, il a profité aussi d’une forte aide du Venezuela : des tracteurs envoyés gratuitement et surtout un pétrole subventionné.
La consultation populaire du 28 Juin a été jugée illégale par l’équivalent de la Cour de Justice Nationale du Honduras. Malgré cet avis, Mel a continué à promouvoir cette consultation populaire avec l’aide d’une campagne de communication extrêmement forte : spots TV, radios, T-Shirts… L’Eglise du Honduras s’est toujours montrée en défaveur de cette consultation parce que de forme illégale. Il y a dans la constitution Hondurienne des moyens de consulter le peuple autre que cette consultation. Mel a choisi de s’entêter.
En effet, la mise en place d’un processus de modification de la constitution aurait pu invalider les prochaines élections présidentielles du Honduras. Et il est possible que Mel eût envisagé de modifier un article sur le nombre de mandats envisageables et donc de rester au pouvoir.
Parce que cette consultation était d’après eux illégale, les députés et le président du Congrès Roberto Michelletti ont demandé aux forces armées de sortir Mel du pays manu militari. Le président du congrès a pris le pouvoir avec l’aide des forces armées. Il s’agit d’un coup d’Etat “civico-militar”.
2/ La situation actuelle :
Depuis le coup d’Etat, Mel Zelaya a l’appui de la communauté internationale de Obama à Chavez en passant par l’ONU.
Roberto Michelleti de son côté a instauré une sorte “d’état d’urgence” avec un couvre-feu et la suppression de certaines libertés dont celles de réunion par exemple. Le couvre-feu depuis le coup d’état a été supprimé puis rétabli. On ne sait pas trop aujourd’hui s’il y en a encore !
Le pouvoir en place tient aussi l’ensemble des medias de communication. La liberté d’information n’est plus que partiellement assurée au Honduras. Les chaînes favorables a Zelaya ont été fermées pendant une semaine, mais émettent depuis. Les personnes qui avaient reçu de l’argent pour organiser la 4 Urna ont vu leurs comptes bancaires gelés. Des journalistes dont un caricaturiste ont été arrêtés. L’opposition a peur de représailles. Mais cette opposition voit le mal partout !
Celle-ci, les pro-Zelayistes, accuse l’Eglise Catholique d’être responsable de cette situation car elle était en défaveur de la 4 Urna; mais comment l’Eglise pouvait-elle appuyer un acte illégal ?
Le message de la conférence des Evêques du Honduras demande la vérité sur la prise du pouvoir du 28 juin et condamne l'envoi de Mel manu militari hors du Honduras.
Le cardinal Rodriguez, une voix importante pour le pays, a toujours demandé une démocratie participative et demandé de lutter contre la pauvreté .
Le Cardinal Rodriguez :
De plus, cette même opposition dénonce que l’Eglise en demandant à Mel Zelaya de ne pas revenir pour le moment, soutient le pouvoir actuel. Il est vrai, aux vues des tensions actuelles au sein de la population, que le dialogue entre les 2 protagonistes semble être la meilleure solution.
Lorsque le Cardinal Rodriguez, demande à Mel de ne pas rentrer au pays, il demande de ne pas mettre de l'huile sur le feu, de ne pas attiser les tensions entre Honduriens pro ou anti Zelayistes, ce qui à juste titre aurait engendré un bain de sang.
Ainsi, Zelaya a tenté de revenir au Honduras le 5 juillet. Son avion n’a pas pu atterrir car les forces armées de Micheletti bloquaient l’aéroport de la capitale Tegucigalpa. Il y a eu 2 morts ce jour-là autour de l’aéroport. L’armée, sous les ordres de Micheletti, a tiré sur la foule.
Par ailleurs, Michelletti est ce qu’on appelle un vieux briscard de la politique. 20 ans passés près du pouvoir ! Des scandales de corruption ! Il a plus le sens de servir ses intérêts propres ou celui de ses amis qui celui du bien commun ! Cet homme n’est pas le symbole du changement dont aurait besoin le Honduras pour sortir de la corruption et de la pauvreté. Il fait partie de cette oligarchie, qui tient l’économie et la politique du pays.
Roberto Micheletti :
Des négociations sont en cours entre les représentants de Micheletti et Zelaya au Costa Rica sous l'égide du prix Nobel de la Paix et président Costaricain Oscar Arias. Ils sont en train d'étudier un plan qui permettrait un retour de Zelaya au Honduras. Les modalités de ce plan sont en cours de discussion. Nous espérons qu'elles aboutiront d'ici les prochaines heures.
3/ Si l'on se projette sur le futur :
Les impacts économiques de cette crise politique sont lourds. L’économie du pays tourne au ralenti, Chavez a arrêté de fournir du pétrole subventionné, l’aide internationale est gelée…Le peuple Hondurien est victime de cette lutte de puissants.
Le Honduras a besoin de réformes structurelles énormes, notamment afin d'améliorer le secteur de la santé, l'éducation, l'économie mais aussi de lutter contre la pauvreté, la violence, le narco-trafic et la corruption, maux qui gangrènent le pays.
Les élections vont avoir lieu dans 4 mois. Que ce soit Zelaya s'il revient ou Michelleti s'il reste, ils ne pourront pas prendre les mesures nécessaires au développement du pays dans un temps si court après ce temps de crise. C'est une lutte pour le passé !
Par contre il faut lutter, prier pour qu'il y ait des élections démocratiques rapidement ou à fin novembre.
Mais pour l’instant, aucun des 2 principaux candidats à la présidentielle n'incarne le changement nécessaire au bien du peuple Hondurien, car tous les 2 sont ancrés dans cette oligarchie qui gouverne depuis trop longtemps.
Comment viendra le changement qui puisse assurer au Honduras la paix et un futur meilleur ?
Il faudra sans doute du temps pour changer les mentalités de bénéfices personnels associés au pouvoir… mais le Honduras et les Honduriens le méritent…
Que venga la paz en Honduras !
2 commentaires:
excelente analysis Xav que promueve la comprension respectiva y que subraya los puntos de compromiso requirido hoy en dia en Honduras
Ojalan que salga democraticamente la meta del cumpartimiento de la riquesa y de las prioridades nacionales (salud, infraestructuras, educacion).
el tema de los narcos tiene que ser manejado de punto vista global desde Colombia hasta EEUU. Amcentral solo constituye un canal de distribucion en si
de todos modos, me parece raro este movimiento hondureño frente al frente de las nuevas izquierdas en Guate (Alvaro Colon) Salvador o Nica (FSLN de D.Ortega).Solo significa que cambia el laboratorio social que vigilamos cuidamente
gracias por las noticias y que la pasen bien los dos
Y Como lo dice el poeta cubano José Marti "ser culto para ser libre" o sea que el camino del desarrollo primero pasa por una educacion objectiva con recursos adaptos.
Trabajan para alcanzar este ideal.
Respecto y suerte
Besos
Elsub
Merci a vous pour la synthese. Ici au Mexique, on suit la crise hondurienne avec attention egalement.
Mais nous avons de la chance, nous savons desormais pourquois les jeunes tombemt dans la drogue au Mexique: " parce qu'ils ne croient plus en Dieu" dixit.....notre président Calderon en personne. (je vous rassure tout le monde lui est tombe dessus, meme dans son parti, et sortir ca a une semaine des elections c'etait pas tres malin, d'ailleurs, son parti a perdu).
Quant a moi, direction la cote pacifique pour une rencontre de jeunes puis la tarahumara dans la nord du pays.
bonne vacances et bon courage. On espere une sortie de crise rapide et sereine.
hasta luego
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